GAP et (dé)confinement – Les services sociaux et médico-sociaux en première ligne livrés à eux-mêmes

Avec l’annonce du confinement, les séances d’analyse de la pratique que nous animions au sein des établissements médico-sociaux se sont interrompues. 

Pour les responsables, les directrices, les directeurs, les chefs de services, l’enjeu était d’amortir le choc du confinement généralisé, de mettre en place les procédures exigées par les organismes de tutelle. Mais aussi de protéger les usagers et les professionnels contre le coronavirus, tout en ré-organisant les plannings et le travail avec le personnel présent, car nombre de professionnels ont été contraints de rester chez eux pour garder leurs enfants, pour des raisons de santé, ou tout simplement par peur…

Pour autant tous ces professionnels ont puisé en eux les ressources pour faire face à cette situation aussi inédite qu’inattendue.

Quel impact sur les cadres ?

Ce qu’il faut comprendre c’est que le confinement s’est imposé à tous du jour au lendemain !
Les directeurs et chefs de services ont réalisé, sans préparation aucune, qu’ils allaient devoir demander à leurs équipes mais aussi aux personnes accueillis, que ce soit des enfants ou des adolescents dans les MECS par exemple, des personnes en situation de grande vulnérabilité, des grands précaires accueillis dans les foyers d’urgence, des familles dans des CHRS, des personnes handicapés dans des FAM… de tous être confinés ensemble. De garder ces personnes, très souvent en situation de vulnérabilité, confinées, les contraindre aux gestes barrières… Cela a été un véritable choc !

Or ces professionnels, ces responsables qui ont tout de même l’habitude de gérer des situations difficiles (c’est un peu leur quotidien), ont été en cette circonstance soumis à un stress sans commune mesure.

Les responsables, comme les équipes, ont à gérer l’angoisse des usagers. Les cadres ont à gérer les angoisses des membres de leurs équipes. Et les professionnels ont à gérer leur propre angoisse, et la crainte de ramener à la maison, auprès de leurs proches, la maladie.

Alors oui ! Lorsque ces responsables, ces chefs de services ont eu la possibilité de se retrouver, même si c’est au moyen de la visioconférence, au sortir du confinement ils ont enfin pu exprimer ce qu’ils ont eu à traverser : l’extrême solitude dans laquelle ils ont traversé cette période, la culpabilité de ceux qui ont pu télétravailler laissant au front les collègues les plus exposés, la confusion des rôles et des postures devant les comportements des équipes, l’intrication du professionnel et du personnel figeant la capacité de penser, l’épuisement, la colère…

Nous avons été personnellement touchés par l’intensité des sentiments exprimés et partagés, malgré la visio et par leur joie de pouvoir se parler, de pouvoir à nouveau déposer et penser à sa pratique pour repartir au-devant des équipes et des usagers.